Guy Le Corre est cheminot. C’est l’un des membres fondateur d’un réseau de résistance à Rennes. Il raconte son passage dans la région dans un livre de René Chesnais intitulé « La guerre et la résistance dans le Sud de l’Ille et Vilaine » :
Je suis venu à Rennes en avril 1942. Une fois arrivé à Rennes, j'ai été envoyé en déplacements à Pont- L'abbé et à Pont-Labbé, j'étais chargé d'un embranchement allemand qui amenait des sables et des cailloux de la plage de Tréguennec, de la Torche à Pont l’Abbé.
Le 1er mai. j'étais avec un autre cheminot sur cet embranchement, on travaillait, on attendait une machine qui revenait de Tréguennec. Et puis, au début de l'embranchement, il y avait un pont sur un ruisseau et on allait rentrer à la gare de Pont-Labbé avec la machine quand le pont a sauté - et on y était pour rien - nous, on rigolait ! " Ah ah, ils ont fait sauter le pont ! " L'après-midi, il y a eu un gendarme qui est venu à la gare et qui nous a dit de passer à la gendarmerie pour faire votre déposition. D'accord on va à la gendarmerie et c'étaient les Allemands qui étaient là. Et puis qui nous ont embringués à la prison de Quimper ! [...] Je suis resté quatre jours à cette prison. J'ai été interrogé par la Gestapo. Alors à la fin je leur ai dit :
- S'il y avait eu un pont à faire sauter, ce n'est pas celui-là. Il y en avait d'autres. Je n'aurais pas fait sauter le pont quand j'étais là.
- Ah, me dit-il, c'est un bon argument, ça.
- Eh bien, non ! puisque je suis là !
Cette prison de Quimper, qui était sans doute un vieux monastère, il y avait une grande salle, on était cinquante-six dedans. Il y avait trois fûts de 200 litres dans un coin. C'étaient les chiottes. C'était ça. On est sortis de là pleins de puces et de poux. On sortait une demi-heure par jour dans une petite cour de quelques mètres carrés où il y avait un petit robinet. Pas le temps de faire la moindre toilette, c'était affreux. Il y avait de tout : des droits communs... Ils m’ont libéré au bout de 4 jours