Combats de Lesven - Beuzec Cap Sizun

Au soir du 26 août 1944, à l'issue de durs affrontements étalés sur une vingtaine d'heures, les FFI de l'Ouest-Cornouaille capturent à Beuzec Cap-Sizun, en bordure de la baie de Douarnenez, près de deux cent cinquante soldats et marins allemands qui tentaient de regagner Brest par la mer. Trente-sept vies ont disparu ce jour-là, dans des circonstances souvent tragiques.

L'affaire de Beuzec, plus connue sous l'appellation de « combats de Lesven », fait sans nul doute date dans les annales des combats victorieux livrés dans l'Hexagone par les FFI, à l'aide de leurs seuls moyens. Fait d'armes d'importance, elle symbolise l'un des temps forts de la libération du département du Finistère.

La situation à la pointe de Cornouaille durant le mois d’août

Le 2 août, le Général der Artillerie Wilhelm Fahrmbacher, commandant le XXV.AK, est nommé Commandant en chef pour toute la Wehrmacht en Bretagne. Le lendemain, devant le déferlement du VIII Army Corps de l'US Army dans la province, qu'il ne saurait endiguer avec de maigres forces, le général ordonne en bonne logique aux unités disséminées dans l'intérieur et le long des côtes de se replier sur les forteresses. Toutefois, sous la pression de la Kriegsmarine à Paris, la mesure est rapportée le 5 août pour quelques points d'appui et petits ports encore utilisés par elle : Lézardrieux, l'Aber Wrac'h, Audierne, Bénodet, Concarneau et La Trinité sur mer. A Audierne, trois cents soldats environ demeurent sur place : les radaristes de la 12.Kp./Luftnachtregiment 54 (Oberleutnant Wilhelm Kieppe) et les marins de la 3.Funkmess-Abteilung Brest, repliés de la station Renntier à la pointe du Raz, désormais hors service, ainsi que la 3e compagnie du Grenadier-Régiment 898 de la 343.ID de l'Oberleutnant Gunther Braeckow, commandant le StP Audierne : Wn 16 Lésongar, 17 Le Raoulic et 19 Lézarouan. Le 6 août, après l'arrivée d'un renfort d'Ukrainiens menaçants, les FFI sont contraints d'abandonner la ville. Nombreux mais peu armés, ils s'installent dans les campagnes alentour. Les Américains, occupés à Brest, ne se manifestent pas. La garnison allemande d'Audierne retrouve ainsi une totale liberté de mouvement, sous l'œil des Résistants qui savent qu'un jour elle tentera de rejoindre la presqu'île de Crozon. Un système de guet - des sonnettes - est mis en place, notamment à huit kilomètres au nord, autour de la petite crique de Pors-Lesven, à Beuzec.

Le 12 août, quarante-sept marins du chalutier armé V719, malmené dans la baie par la Royal Navy, sont débarqués au sud d'Audierne et capturés par la Résistance. La nuit suivante, la Kriegsmarine envoie de Brest un Kommando a intervention qui débarque discrètement à Lesven et gagne Lésongar. Le surlendemain, les Allemands poussent jusqu'à Plozévet dans l'espoir de récupérer leurs camarades. Ils reviennent bredouilles, après avoir mortellement blessé un FFI qui s'est mépris sur leur nationalité. Le renfort regagne Brest de nuit, nullement inquiété, ce que ses responsables ont certainement noté pour des actions futures. Le système d'alerte FFI, totalement inopérant, est revu. Un déserteur allemand passé à la Résistance va notamment piéger l'accès à la plage de Lesven à l'aide de corps de mines déterrées.

Le 21 août, le général Fahrmbacher décide enfin de récupérer les garnisons d'Audierne et de Concarneau, de plus en plus aventurées en territoire hostile. Bénodet a déjà été évacué vers Concarneau par mer, le 10 août, et par la route le lendemain. Il s'en est fallu de peu pour que le convoi de vingt camions ne soit totalement anéanti à Fouesnant lors d'un gros accrochage avec les FFI. Le premier contingent d'Audierne sera récupéré à partir de Lésongar où des Kriegsfischkutters, de petits cotres de pêche armés en guerre, les KFK de l'Oberleutnant zur See Pluns de la 2.VpFlottille, se présenteront, via le raz de Sein. Pourquoi ne pas simplement traverser la baie de Douarnenez afin de s'épargner un long et dangereux détour ? Crainte d'un traquenard à Pors Lesven ? On ne sait ! Les candidats à l'évacuation n'ont pas de chance. Dans la nuit du 22 au 23 août, en baie d'Audierne, un convoi de sept patrouilleurs de la 7.Vp.Fi, qui tentait de rejoindre Lorient, est détruit par les Alliés. En mer, Pluns a été le témoin du désastre. A Lésongar, la situation se complique singulièrement, plus de deux cent cinquante marins rescapés, dont de nombreux blessés, ayant été recueillis par les soldats du Stutzpunkt. Après un échange radio avec Brest et la 3.Sicherungsdivision à Nostang/Etel, la tentative d'évacuation sera renouvelée dans la nuit du 25 au 26 août.

Les plans d'évacuation allemands

Ce sont près de six cents militaires qu'il faudra dégager, à partir de Pors-Lesven cette fois. Une affaire hasardeuse ! Les nuits sont encore courtes, les navires ne pouvant accoster, les rescapés devront être transbordés au prix de laborieuses navettes. Ces opérations longues nécessitent deux ou trois nuits. Les Allemands savent que les opérations vont alerter la Résistance qui rappliquera en nombre, le jour venu. Mais ils n'ont pas le choix, la voie terrestre pour la presqu'île de Crozon leur est coupée. Pour assurer la protection des évacuations, la section de Flok légère des radaristes de la Luftwaffe - sept ou huit pièces automatiques de 20-25mm, des mitrailleuses, servies par une centaine d'hommes - sera disposée en point d'appui autour des fermes Mens et Sergent, à Kervigoudou. De la cote 50, en position centrale, sur plus de 180°, les canons commandent les terrains conver geant en pente de la route Beuzec/pointe du Van - cotes 80-90 - jusqu'au vallon débouchant sur la plage.

Durant la journée du 25 août, les Allemands battent la campagne, réquisitionnent une trentaine de charrettes qui sont chargées à Lésongar : armes, caisses de munitions, havresacs, boules de pain, conserves... Les véhicules remorquent également les canons et une cuisine roulante. Les blessés dont une trentaine gravement atteints - un lourd fardeau - soignés par les Français, sont récupérés à l'infirmerie d'Audierne. Dans la soirée, le convoi fort de trois cents hommes dont des marins pour la moitié, s'ébranle vers Beuzec. Une quarantaine de soldats du point d'appui assure son escorte. Braeckow, du voyage, n'est pas tranquille. Que redoute le lieutenant qui possède, comme nous le savons, une grande expérience du combat d'infanterie ? Une attaque surprise des Terroristen ? En effet, une reconnaissance approfondie du secteur clé de Lesven n'a pas été effectuée, la Kriegsmarine à Brest ayant brusqué l'opération. Concernant l'évaluation de la menace FFI, l'Oberleutnant zur See Grassoff, commandant le V702, nous dira bien plus tard : « Nous n'avons pas pris la Résistance au sérieux, ce sont des jeunes gens et non des soldats, pensions-nous ! ». A la sortie d'Esquibien, un FFI isolé porteur d'un brassard et/ou d'une arme est capturé et emmené.

Du côté de la Résistance, le dispositif d'interception de la colonne se met en place. Vers 17h00, l'EM FFI départemental à Quimper a été prévenu des mouvements allemands dans le cap Sizun où les populations remarquent « qu'il se prépare quelque chose ». A 19h00, le lieutenant-colonel Philippot, commandant le secteur sud-ouest (Sainte-Anne/Fouesnant), alerte le commandant Québriac, chef de l'arrondissement FFI de Douarnenez. Trois sections sont prêtes. Vers 23h00, la présence du convoi allemand ayant été signalée aux Quatre-Vents, à deux kilomètres au sud de Pors-Lesven, Philippot donne l'ordre à Douarnenez, ainsi qu'à la 7e Cie FFI Bédéric/Quimper en réserve à Locronan, de se porter à Beuzec. Les renseignements se précisent : les Allemands se dirigent vers Pors Lesven. Après concertation entre les responsables dans la localité, les sections s'enfoncent dans la nuit, dans une campagne inconnue. L'une s'égare, une autre perd son guide. Avec difficulté, les sections 3e Cie FFI/FTP Florc'h Danton et 4e Cie FFI Berrou atteignent la pointe de Lesven [Beg-ar-C'hlégor) surplombant la plage et cher- chent à se positionner au mieux. Arrive au même moment le corps franc Cotonéa, encore appelé à l'époque « Groupe d'action directe », de la Cie FFI Surcouf de Pont-Croix, en « sonnette » à la sortie de Pont-Croix. Deux autres groupes, peu armés, la section égarée et la 7e Cie acheminée un peu plus tard, demeurent en retrait, en protection. (Cf. cartes )

Premiers combats dans la nuit du 26 aout

Il peut être 1h45. Dans l'obscurité, des véhicules cahotent dans le vallon. En bordure de plage, les Allemands s'activent bruyamment à la lueur de lampes-torches, ne remarquant pas les ombres qui se déplacent au-dessus d'eux sur la crête. Les KFK V222 et V230 du Gruppe Pluns sont au rendez-vous. Plus haut, les canons, en queue de convoi, se sont arrêtés près des fermes du hameau de Kervigoudou. Chez les Sergent, c'est avec appréhension que l'on a entendu, de loin, dans la nuit, le roulement sourd des charrettes bretonnes aux grandes roues cerclées de fer qui avancent dans un très mauvais chemin. L'on sait ce qu'il annonce ! A ce moment, Braeckow et ses hommes font demi-tour vers Lésongar, les opérations d'embarquement sont confiées à l'Oberleutnant zur See Max Gennerich, commandant le V714, sous la protection des pièces légères de l'Oberleutnant Kieppe. Mais, par méconnaissance de la topographie locale, excès de confiance dans la sûreté du secteur présumé vide de partisans, les Allemands ne protègent pas aussitôt la plage en occupant la haute crête est qui la domine. Cette faute va être lourde de conséquences.

Vers 02h00, une rafale part des hauteurs où les FFI/FTP n'ont pas encore achevé leur mise en place. Elle vient d'être tirée par un quatrième groupe, arrivé inopinément, sans s'annoncer. La surprise est totale chez les deux adversaires. Un moment après, la fusillade est générale. A la pointe, les FTP ne disposent pas de grenades - heureusement pour les marins en contrebas - mais d'un unique FM Bren qui arrose la crique où les blessés brancardés sont allongés, ce que les premiers ignorent certainement. Les rafales ne portent pas : obscurité, ouverture précipitée du feu. Aucune réplique ne leur parvient de la plage : les marins ne semblent ni armés individuellement, ni protégés par un groupe. Une autre lacune ! L'Oberleutnant zur See Gennerich et son équipe se hâtent de traîner les civières au pied de la falaise où on ne peut les atteindre. Une mitrailleuse se démasque en face, à Kervigoudou, où les radaristes déploient leurs pièces de Flak, tandis que les canons de 20 mm des KFK crachent à toute volée.

A une cadence infernale, les obus éclairants et explosifs balaient la lande, fouillent la pointe où se trouve la section FTP Danton, repérée par les départs de son Bren. Le FM tire sans discontinuer, son canon chauffe. Un FFI voit la crosse de son mauser atteinte par une balle lui exploser entre les mains ; chez un pourvoyeur du FM, c'est un chargeur qui est touché, sans dommages. La position des braves douarnenistes, insuffisamment protégés par les roches, accablés par des tirs croisés, devient bientôt intenable. Ils doivent décrocher et s'égailler profondément dans l'obscurité. En retrait de la grève, à mi-pente, surplombant de près de trente mètres le fond du vallon, le groupe des six FFI de Pont- croix est plus chanceux. Familier du secteur, en bonne position de tir, il peut en outre s'abriter derrière un gros rocher (Kar-reg-or-gad : le rocher du lièvre). Le second FM du groupe Danton l'épaule. Les Résistants endurent le mitraillage des navires qui vont et viennent devant la côte. Le canon d'une carabine US est faussé. Mais le corps franc dispose aussi d'une centaine d'efficaces grenades qui explosent dans le vallon encaissé avec un bruit assourdissant. Si leurs éclats ne peuvent atteindre la plage, ils interdisent tout mouvement aux Allemands, les contraignant à se plaquer contre la paroi de la falaise. Les navires quittent les lieux trois quarts d'heure environ après le début de l'engagement. Isolés, le groupe Cotonéa qui est par précaution remonté sur la crête, derrière un talus et l'équipe du Bren des FTP douarnenistes tiennent bon, repoussant lors d'une trouée de lune un parti d'Allemands qui tentait d'escalader la falaise. Un courageux grenadier descend même jusqu'au chemin pour y jeter quelques-uns de ses engins. Les Résistants ne peuvent apercevoir des marins déterminés du V714 qui s'éloignent de la côte, pagayant dans une embarcation pneumatique. Dans la baie, la chance va sourire à ces audacieux sous la forme d'une barque de pêcheur qui les remorquera à Morgat, sous la contrainte.

Le premier acte des combats est terminé. Le silence, rompu par des détonations sporadiques, et une obscurité totale, enveloppent maintenant le secteur. Un FFI douarneniste a été tué dans la lande au cours du repli précipité. Son action et celle de ses camarades ont entraîné l'échec des plans adverses : moins de vingt blessés graves ont été transbordés et le sort des autres Allemands est scellé. L'ouverture prématurée du feu par un FFI n'a en rien modifié le déroulement du combat, sinon évité à quelques blessés de perdre la vie. Du côté allemand, l'occupation de la fête de pont, en interdisant ainsi l'accès des FFI à la pointe, aurait assuré le succès de l'évacuation des seuls marins. A Brest, le Konter-admiral Otto Khäler - Seekommondant Bretagne - écrira que c'était le rôle dévolu au Heer, l'armée de terre, donc à la garnison du point d'appui d'Audierne. Mais il ignore les particularités locales. D'après Braeckow, la sécurité des lieux était en réalité confiée aux soldats de la Luffwaffe du Leutnant Kieppe. L'action va bientôt reprendre à l'est, en direction du hameau de Lesven.

La matinée mouvementée et tragique

Vers 05h30, le ciel commence à rosir. Les Allemands passent à l'offensive à partir de la pointe. Deux groupes de marins, fortement armés, s'avancent avec précaution à travers les genêts et la fougère, l'un en direction du corps franc Cotonéa, l'autre vers le hameau de Lesven, à 500 m. Tourné, le groupe devient bientôt leur cible et celle de Kervigoudou. Vers 06h00, espacés de vingt mètres, ses hommes entament en rampant derrière les talus, un très difficile repli de trois cents mètres vers Lesven. Leurs dernières grenades calment l'ardeur des poursuivants qui les talonnent en vociférant. Vers 07h00, le sous-lieutenant FFI Cotonéa - jeune premier-maître fusilier - et son groupe composé de militaires expérimentés, parviennent à atteindre le village, puis au-delà, la route Beuzec-pointe du Van où ils sont en sécurité. L'équipe du FM de Danton réussit également à s'échapper. Son tireur est atteint à la jambe en franchissant un talus.

A l'est, au hameau excentré de Lézugar se trouvent des FFI douarnenistes repliés dans la nuit. Un jeune volontaire part récupérer le FM abandonné à la pointe. Dans la végétation, il est victime d'une méprise - uniformes bleu foncé portés de part et d'autre - qui lui est fatale. Son corps sera retrouvé, atrocement mutilé selon René Pichavant. Vers 07h00, les Allemands atteignent les abords de Lesven, surprennent et bousculent d'autres FFI dont quatre perdront la vie. Un blessé au moins est achevé à la baïonnette. Leurs corps mar- tyrisés, au visage bientôt noirci par la chaleur, seront découverts dans l'après-midi. Les brutes répandent ensuite la terreur dans le hameau, massacrant un vieillard en lui brisant le crâne à coups de crosse et incendiant deux fermes. Les assassins sont sûrs de l'issue de leur opération d'évacuation pour commettre de tels forfaits, n'imaginant pas un instant qu'ils se trouveront bientôt en difficulté. En août 1944, dans la Wehrmacht, un FFI n'est pas un soldat régulier, mais toujours un Terrorist, à éliminer. Les Allemands poussent ensuite jusqu'au village éloigné de Lézugar, mais ne s'y attardent pas, se contentant de mitrailler les fermes et d'y rafler de la nourriture. Ils se regroupent ensuite à Lesven. Mais, fait nouveau et de mauvais augure, ils deviennent la cible de tirs provenant de la route du Van, cinq cents mètres plus haut. Vers 08h00, quelle est la situation ? Les Allemands occupent Lesven. Au-delà du hameau, le long de la route du Van, du fait du relief, les protectiles des canons qui les couvrent se perdent dans les airs. Des renforts FFI armés du Cap Sizun affluent, que le capitaine Bédéric, chef de la 7e Cie et directeur des opérations, répartit sur les hauteurs. Devenus prudents, les Allemands ne se hasardent pas au-delà du hameau. Vers 10h00, c'est au tour des servants des canons de Kervigoudou - cote 50 - d'être pris pour cible à partir de la cote 81, les fusils des FFI portent jusqu'à eux, à 700/800 m, un coup heureux pouvant faire mouche. Au sud-est de la ferme, afin d'occuper un meilleur emplacement de tir de réplique en direction de Lesven, des canonniers allemands n'hésiteront pas à avancer une pièce, à découvert, encadrée de boucliers humains, Jean et Yvon Sergent. Les tirs FFI venant de Kervoal, en face, cessent. Dans la matinée, par une belle et chaude journée d'août, à travers champs et fourrés, derrière les talus, les adversaires sont au contact. En contrebas de la route, de vives escarmouches les opposent. Les Allemands ne parviennent pas à occuper Kervoal et Kerguénec au sud, mais à l'est, sur les pentes de Lesven, les FFI sont stoppés et refoulés par le tir des canons postés à mille mètres.

Aux environs de 11h00, les Allemands abandonnent Lesven. Le hameau, écarté, est en effet devenu vulnérable, mais ils laissent des tireurs embusqués derrière eux. Deux FFI tomberont bientôt. Le premier entre Lézugar et Lesven, atteint par les éclats d'un méchant petit obus explosif tiré depuis Kervigoudou. Le projectile s'est fragmenté en touchant un arbre, cri-blant le sol, blessant les autres FFI du groupe qui se croyaient à l'abri dans un fossé, derrière une murette de pierres. Le second sera la victime d'un tireur embusqué.

Vers midi, le deuxième acte des combats s'achève. Le dos à la mer, les Allemands sont coincés en contrebas de la route Beuzec-pointe du Van, dans la dépression de Kervigoudou. S'ils maîtrisent encore les avancées du secteur grâce à leur grande puissance de feu, leur situation est désormais compromise. Les KFK ne reviendront plus, l’US Army va être alertée Une sortie en force vers Audierne, sans artillerie - les attelages ayant disparu - serait vouée à l'échec sous les coups répétés d'un adversaire maintenant nombreux, bien armé, connaissant bien le terrain, qui vient de découvrir les corps mutilés de ses morts. Pareille tentative les conduirait aussi à abandonner leurs blessés, ce qui est hors de question. Dans un cul-de-sac, ils attendent un hypothétique renfort de Lésongar. Les FFI ne peuvent cependant conclure faute d'armes lourdes à longue portée, mitrailleuses ou mortiers. En position dominante, protégés par les talus, ils se bornent à les harceler au fusil. Les tuiles de la grange, les ardoises de la ferme Sergent commencent à voler en éclats. La pression des FFI s'exerce désormais sur le hameau de Kervigoudou qui va devenir le théâtre principal de l'action.

Confinés dans leurs maisons sauf pour les travaux de la ferme, les familles Mens et Sergent - onze adultes et adolescents - sont devenues les otages de fait des radaristes allemands. L’Oberleutnant Kieppe a établi son PC dans le fournil, à l'entrée de la cour Sergent. Les cris, Deux pièces de Flak de 30 et 38 prises à Kervigoudou, quittent Pont-Croixles ordres gutturaux fusent, que Mathieu, dix-neuf ans, n'a pu oublier ! Les heures s'écoulent sans incidents, hormis quelques réflexions allemandes arrogantes, voire menaçantes. Dans la cour, avec témérité, notre témoin fait observer à deux soldats par un « Nicht Korrekt ! Vous terroristes ! » bien senti que le port d'une arme est incompatible avec celui du brassard de la Croix-Rouge. Fureur des fautifs qui le menacent de leurs fusils. Mathieu a également retenu que la sourde angoisse qui l'envahissait lors des périodes d’accalmie - Que va-t-il se passer ?- s'atténuait quand les canons repre- naient leur tir infernal. Dans la cuisine, des soldats examinent des photos de la Grande Guerre, concluant de manière sempiternelle par un « Guerre... triste ! » La ferme voisine des Mens est occupée par les rescapés de la Kriegsmarine. Les blessés graves ramenés de la plage sont allongés sous des couvertures, sur de la paille étalée au rez-de-chaussée. On doit les enjamber pour circuler. La situation n'est pas tendue, le repas de pommes de terre préparé par le père Mens y est certainement pour quelque chose. Le Kapitän-leutnant Girardet ancien de 14, commandant du V717, deux fois blessé à bord le 23 aoüt, s’entretient en Français avec ses hôtes involontaires. Des photos de famille sortent du portefeuille de l’officier. L’Oberleutnant zur See Gennerich est là également, sec et distant... (Pour lire l'article complet, téléchargez le document au format pdf en bas de page)

Source : Les combats de Lesven à Beuzec Cap Sizun. Un épisode marquant de la libération du Finistère par Alain le Berre. Article paru dans le magazine 39/45 n°276 et 277 – mars avril 2010

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