La route des blockhaus

Un documentaire de 52 minutes de Michel Quinejure. Une coproduction : Scotto Productions et France 3 Haute-Normandie. Avec la participation du Centre National de la Cinématographie et de l'image animée du Pôle Image Haute-Normandie. En partenariat avec le CNC du Ministère de la Défense, Secrétariat général pour l'administration, Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, de la PROCIREP et ANGOA.

Les blockhaus sont liés à l’oppression et à l’occupation pour toute une génération issue de la guerre. La plupart sont enterrés ou  enfouis sous la végétation. La volonté d’oubli est dominante depuis la fin de la guerre et peu à peu la nature reprend ses droits, créant des ambiances propices à l’imaginaire du cinéma fantastique. Les derniers bunkers, conçus pour durer 1000 ans selon la propagande allemande, se retrouvent dans des équilibres instables, à flanc de falaise, prêts à tomber, entraînant dans leur chute inexorable la fin symbolique d’un empire déchu.

Soixante-dix ans après l’arrêt du conflit, faut-il considérer les blockhaus comme des monuments historiques ?  Faut-il les classer, les restaurer ou les détruire ? Faut-il les conserver au titre du devoir de mémoire ou effacer définitivement les traces du passé ? Sur la route des blockhaus, nous parcourons le littoral du Mur de l’Atlantique sur les côtes de la Manche. Du Pas-de-Calais, où les Allemands attendaient le débarquement, face à l’Angleterre toute proche, jusqu’à la Normandie où a eu lieu le débarquement, le regard sur les blockhaus n’est pas le même. Très tôt, la Normandie a su prendre en compte son patrimoine historique, préserver des sites et même classer des ouvrages.  Ailleurs, où les blockhaus ne sont pas liés à l’histoire du débarquement, ils sont encore considérés comme des verrues dans le paysage et le tabou subsiste. Transformés en cellier, abris de jardin ou en habitats précaires pour sans domiciles fixes, les blockhaus sont souvent l’objet de rejets.

Le lien vers l'émission complète : http://www.youtube.com/embed/SqcmCot6SFI

Ci-dessous une interview du réalisateur Michel Quinejure par Vincent Hervé, publiée dans le Courrier Picard du 2 mai 2014.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux blockhaus ?

Je suis né en 1955. Comme tous les enfants de la côte, j’ai joué dans des blockhaus. Je me souviens, on disait même : « on va jouer aux Allemands » Celui qui se trouve au Hourdel, près de chez moi, je l’ai connu dans les dunes. Ils sont les témoins de l’érosion du temps. Je trouve dommage qu’on ne les ait pas davantage considérés comme appartenant à notre patrimoine. Il y a une sorte de tabou attaché à ces vestiges.

Pourquoi un tabou ?

Parce que ce sont des éléments qui servaient à tuer. Ça n’est pas uniquement une question esthétique. Mais je trouve qu’en les cachant ou en les ignorant, on refuse d’affronter une réalité. Au contraire, il faut les montrer. D’autant que les témoins humains viennent à disparaître. Qu’est-ce qu’il va rester : le béton.

Contrairement à votre précédent film sur les chasseurs de gibier d’eau en baie de Somme, où la parole était rare, ici il y a des historiens, des « bunker archéophiles », qui interviennent, expliquent, commentent…

Oui, parce qu’il n’était pas question de faire un film simplement esthétique sur ces blockhaus. Je me suis interrogé. Il y a une ambiguïté : aujourd’hui, ces blocs sont totalement hors de leur contexte d’origine. Je me souviens d’une anecdote de quelqu’un qui m’a dit à propos d’un blockhaus réhabilité : «  tiens, ils ont mis un char dedans ». Les gens ne les ont simplement jamais ou très peu vus équipés, armés, comme c’était leur vocation. C’étaient des objets faits pour tuer. Du coup, il y a ce décalage qui m’a posé problème.

 

Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux blockhaus ? Comment s’est opéré votre choix de monter tel ou tel blockhaus plutôt qu’un autre ?

Je filme beaucoup. Il doit y avoir 50 heures de tournage. Pour 52 minutes. Cela devait dire des choses, raconter une histoire, ne pas se répéter.

Votre film s’achève sur le port artificiel allié à Arromanches, en Normandie. Est-ce un clin d’œil à d’autres vestiges de la Seconde Guerre mondiale également en péril ?

La fin est ouverte. Plusieurs interprétations sont possibles. Il y a celle que vous dites, mais il y a aussi que ces pontons sont les témoins de la revanche de l’Histoire.

Votre film pose la question de savoir s’il faut les garder comme témoins de l’Histoire ou les supprimer ? Quelle est votre réponse ?

Il faut les garder. Au moins quelques-uns. C’est la mémoire de la guerre. C’est aussi se souvenir de ce qu’était le nazisme. Avec la montée du Front national aujourd’hui, je ne trouve pas superflu qu’on se souvienne de ce que cela a été. Ces blockhaus sont des supports à la réflexion sur la guerre

 

Propos recueillis par Vincent Hervé

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