La récente pose d'une petite plaque explicative et informative sur le site du concasseur à galets de Tréguennec aura au moins le mérite de poser une question récurrente depuis quelques décennies, à savoir : Diancre ! Pourquoi n'y a t-il pas de panneau d'information sur ce site ? Le quidam moyen n'ayant pas toujours le recul suffisant (et n'ayant pas que ça à faire) pour appréhender les nombreuses subtilitées et les infimes nuances relatives à chaque acteur local et chaque composante de notre quotidien réglementaire, les différents paragraphes ci-dessous devraient permettre à tout un chacun, sinon de comprendre les fabuleux méandres administratifs que toutes les nations nous envient depuis Louix XIV, du moins d'en lire le résumé qui vous permetta ainsi de vous endormir plus intelligent ce soir.
Administrativement parlant, peu de monde semble concerné par les vestiges du concasseur de Tréguennec, et pour tous, sauf quelques irréductibles malades mentaux, les voir disparaitre radicalement serait un grand soulagement et la meilleure des solutions. Il faut dire que ces ruines sont laissées à l'abandon depuis la fin de temps, c'est à dire depuis très longtemps, qu'elles sont laides, moches et du plus mauvais goût. De plus, certains secteurs s'avèrent relativement risqués et d'autres quasiment dangereux : Une chute du haut du mur-casemate par exemple, pourrait probablement laisser des séquelles au passant qui aurait l'envie ne serait ce qu'une seconde, de se prendre pour un gravelot à collier interrompu. Pour couronner le tout, le secteur n'a pas été encore complètement nettoyé par les démineurs de la Marine Nationale, ces derniers intervenant encore ponctuellement à la demande et en fonction des trouvailles hétéroclites produites aléatoirement sur le secteur par les caprices d'une grande marée non réglementaire. Bref, le paysage est beau, le spectacle est sauvage, la nature est envoutante et tout cela en fait un fort charmant lieu de promenade et de quiétude ...pour peu qu'on fasse attention où l'on pose les tongs.
Propriétaire foncier : Le conservatoire du littoral
Premier concerné par ce dossier encombrant : Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (CELRL). Créé en 1975, c'est un établissement public administratif qui est chargé d'acquérir les sites naturels menacés et de les conserver du mieux possible pour les générations futures. Le Conservatoire ne gère pas lui-même les terrains qu'il possède. Il passe la baballe et des conventions de gestion avec les collectivités locales, chaque fois qu'elles en sont d'accord bien entendu.
(Voir la suite de l'évangile sur le Portail de l'information environnementale de Bretagne.)
En Baie d'Audierne, c'est à dire le secteur du concasseur mais en bien plus grand, le Conservatoire a acquis près de 650 hectares depuis 1982, l'ensemble étant co-géré par le Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU) et ses communes de Penmarc’h, Plomeur, Saint Jean Trolimon et Tréguennec, la Communauté de Communes du Haut Pays Bigouden (CCPBS) et ses communes. La Baie d'Audierne fait désormais l’objet d’une gestion concertée, et c'est ma foi fort agréable de la savoir, mais cela ne résout pas le problème qui nous intéresse : Qui pose les panneaux d'information censés renseigner le quidam ? Nous avons posé la question au Conservatoire, par mèl. La réponse est dans le paragraphe suivant.
Gestionnaire du site : La communauté de communes du pays bigouden Sud (CCPBS)
La CCPBS est une intercommunalité qui regroupe 12 communes à l’extrémité Ouest du Sud du Finistère. Elle compte 39 000 habitants. Depuis 2013, la CCPBS assure la gestion et l'entretien des espaces naturels remarquables d'interêt communautaire et prend en charge les équipements d'animation. En tant que gestionnaire, la communauté de communes assure plusieurs tâches :
- Surveille les fréquentations
- assure le pouvoir de "police de la Nature"
- Assure l'entretien courant
- Mène la politique d'animation d'entretien et de suivi
La CCPBS entretient donc les circuits de découverte (pédestres ou cycliste) et veille à leur balisage et promotion. il prend également en charge la création des sentiers d’intérêt communautaire, l'entretien du GR 34 et des sentiers de randonnée d’intérêt communautaire, la signalétique d’intérêt communautaire, les équipements accessoires, et patati et patata...
Ouvront ici une parenthèse fort interessante afin de détailler la définition d'un "sentier de randonnée d’intérêt communautaire" telle qu'elle est présentée sur le site de la CCPBS : "Sont déclarés d’intérêt communautaire les sentiers inscrits ou présentant les caractéristique pour être inscrits au Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnée du Finistère (PDIPR), ainsi que les sentiers permettant de relier entre eux les sentiers inscrits ou présentant les caractéristiques pour être inscrits au PDIPR". Après une définition aussi logique que réglementairement valable, une question brûle toutes les lèvres : "Fort bien, mais alors pourquoi le site du concasseur de Tréguennec ne bénificie-t-il point d'un panneau d'information, puisqu'il se trouve sur un chemin de randonnée et qu'il y a matière à informer ?"
Et cette question tombe fort à propos car cette page internet détaille la mise en place de nouveaux panneaux d'informations en signalant que "L’un des chantiers engagé par la CCPBS et l’ensemble de l’Ouest Cornouaille est amélioration de la signalétique et du balisage pour les sentiers inscrits". Toujours sur la même page web le CCPBS précise que "Ces panneaux indiquent le parcours, des indications pour comprendre et reconnaître le balisage, les subtilités du parcours, ses variantes saisonnières et les incontournables à découvrir tout au long du parcours". Cependant, près du concasseur de Tréguennec rien de tout cela... Combien de randonneur n'a-t-on pas entendu se poser cette question en arrivant devant le site : "C'est quoi ce mur tout gris et tout moche en plein milieu de ce paysage charmant et rieur ?"
Enfin, pour clore le chapitre communautaire, signalons que la CCPBS a confié à l’Agence Ouest Cornouaille développement (AOCD) une mission d’appui au développement touristique, à travers l’accueil du public, l’information, la promotion, l’accompagnement des porteurs de projets, la qualification de l’offre et la mise en réseau de professionnels.
En mission d'appui : l'Agence Ouest Cornouaille Développement
L'Agence Ouest Cornouaille Développement (AOCD) est une agence de développement local. Elle a d’abord été l’Association de Promotion du Pays Bigouden puis l’association a été rejointe, en 1994, par le Cap Sizun et, en 1997, par le Pays de Douarnenez. L’association prend alors le nom de Ouest Cornouaille Promotion. Le 29 avril 2008, l'association change de nom et devient Agence Ouest Cornouaille Développement. en 2015, l'agence a resserré ses activités autour de deux secteurs :
- le tourisme
- le développement local
Sur le terrain : La mairie de Tréguennec
Interlocuteur privilégié et de terrain, présent sur tous les fronts et par tous les temps même lorsque l'orage gronde, M. claude Boucher, maire de Tréguennec, a bien voulu accepter la pose d'une plaque d'information près du concasseur. Selon le quotidien Ouest France, "La plaque a été posée sur un terrain communal grâce à une entente avec la municipalité". Lorsqu'on regarde attentivement la photo agrémentant l'article, entre l'endroit ou se trouve la plaque et le mur-casemate il y a une distance équivalente à un saut de kangourou bigouden et encore... un mini kangourou. Est-ce à dire qu'il existe une enclave communale à l'interieur des terrains acquis de longue date par le Conservatoire du littoral ? Nenni, la plaque est bien sur un terrain communal, à quelques mètres seulement des terrains appartenant au Conservatoire, et c'est fort bien ainsi.
Conclusion
Même avec la meilleure volonté du monde, pour faire nager tout ce monde de concert et surtout, dans le même sens, il faut s'armer de patience, et d'une zénitude à faire pâlir de jalousie Maitre Yoda, mais il faut essayer dans la mesure du possible, de travailler ensemble car chacun à son mot à dire, ses raisons et sa manière de voir ce projet. Après tout, le concasseur n'est là que depuis 77 ans. Demain, ou l'année prochaine ou dans quelques temps, les acteurs auront changés ou même mieux, on peut rêver : Ils seront tous en phase et le site sera enfin reconnu tel qu'il doit l'être, une belle plaque explicative et réglementaire sera enfin posée à la satisfaction de tous et au frais du contribuable, permettant ainsi à tout les promeneurs, visiteurs, randonneurs, touristes etc. d'avoir enfin des informations concrètes sur les lieux.
Encore faudra-t-il ne pas écrire n'importe quoi sur ce panneau mais ça, c'est une autre histoire...
- Photo 1 - Jusqu'en 2007, les promeneurs pouvaient passer entre les trémies. Cette photo a été prise en mai 2007.
- Photo 2 - Le même endroit en juillet 2007
- Photo 3 - La pose des "raquettes" date également de 2007, bien que peu élégantes, elles permettent de sécuriser l'extrémité du mur-casemate.
- Photo 4 - Première tentative de bloquage des différentes entrées du souterrain reliant les casemates entre elles. Depuis le système a été amélioré.