Le trait de cote en baie d'Audierne

Un premier exemple de ces évolutions de rivages sédimentaires à l’échelle séculaire est fourni par le littoral de la vaste plage de sables fins de près de 12 km de longueur du sud de la baie d’Audierne dans le Pays bigouden (Sud-Finistère). Ce secteur est emblématique en Bretagne, car le recul y est rapide depuis plusieurs décennies, en raison de son exposition aux houles et aux vents dominants, et des interventions humaines...

Cet article de Alain Hénaff, Catherine Meur-Férec et Yannick Lageat, tous trois enseignants-chercheurs au CNRS, est titré "Changement climatique et dynamique géomorphologique des côtes bretonnes. Leçons pour une gestion responsable de l’imbrication des échelles spatio-temporelle". Les auteurs y traitent des effets du changement climatique sur la dynamique actuelle des côtes, en y abordant plusieurs points de la côte bretonne, dont l'ero vili en baie d'Audierne.  La partie concernant l'ero vili est reproduite ci-après. L'article complet est en téléchargement en bas de page.

Roland Chatain 002miniPour étudier la dynamique des rivages, la localisation du trait de côte au cours du temps constitue, en géomorphologie littorale, un marqueur relativement simple et largement utilisé. Les positions successives sont obtenues en cartographiant la ligne de rivage à partir de supports iconographiques variés (cartes anciennes géométriquement correctes et actuelles, plans cadastraux, photographies aériennes, imagerie satellitaire) et à partir de levés topographiques réitérés sur le terrain à différents pas de temps. L’utilisation de ces supports permet ainsi de connaître l’historique du trait de côte, généralement depuis la fin du XVIIIe siècle en France, date à partir de laquelle sont utilisés des principes et des techniques de cartographie comparables à ceux qui ont cours actuellement. Par comparaison diachronique de ces données et en tenant compte des erreurs commises lors de la réalisation ou de l’interprétation des cartes (Faye, 2010), on parvient ainsi à quantifier plus ou moins précisément la mobilité d’un rivage. La comparaison de deux situations éloignées l’une de l’autre dans le temps permet de dégager la tendance, au recul, à l’avancée ou à la stabilité d’une section de rivage et de déterminer une vitesse annuelle moyenne d’évolution. L’examen des situations intermédiaires demeure cependant nécessaire car il permet de cerner les étapes successives d’une évolution qui est rarement régulière et passe souvent par des phases d’accélération, de ralentissement, voire d’inversion de tendance. C’est seulement à partir de cet examen, à l’échelle de temps pluri-décennale, que peuvent être cernées les adaptations des littoraux d’accumulation aux évolutions des agents morphogènes (variations de l’intensité et de la fréquence des tempêtes, changements dans l’orientation des vents et des houles, modification de l’hydrologie continentale, etc…) et anthropiques. Les deux examens (tendances et situations intermédiaires) sont donc complémentaires car ils permettent de distinguer ce qui relève, d’une part, d’évolutions durables de ce qui, d’autre part, correspond à des réactions à des événements ponctuels, parfois exceptionnels ou transitoires, qu’ils soient naturels ou d’origine anthropique.

Roland Chatain 001miniUn premier exemple de ces évolutions de rivages sédimentaires à l’échelle séculaire est fourni par le littoral de la vaste plage de sables fins de près de 12 km de longueur du sud de la baie d’Audierne dans le Pays bigouden (Sud-Finistère). Ce secteur est emblématique en Bretagne, car le recul y est rapide depuis plusieurs décennies, en raison de son exposition aux houles et aux vents dominants, et des interventions humaines. Au nord, sur environ 1 km, la ligne de rivage est formée de falaises de micaschistes altérés auxquelles s’enracine la partie proximale d’un cordon de galets, l’Ero-Vili. Il s’étend vers le sud sur près de 6 km actuellement, et retient les eaux continentales qui forment un chapelet d’étangs littoraux immédiatement en arrière. Un massif dunaire lui succède vers le sud jusqu’à la pointe de la Torche (fig. n° 3).

Dans ce secteur étudié depuis plusieurs décennies (Guilcher, 1948 ; Bodéré, 1966 ; Hallégouët et al., 1989 ; Hallégouët, Hénaff, 1993 ; Faye et al., 2007), observations de terrain, comparaisons de cartes et de photographies aériennes et levés topographiques à différentes dates permettent de mettre en évidence le recul chronique de ce trait de côte. Les mêmes approches soulignent également la variabilité des vitesses de ce retrait selon les intervalles de temps considérés (fig. n° 4). Sur le long terme, c’est-à-dire de 1775 à la période actuelle, trois phases d’évolution peuvent être distinguées selon les taux de recul enregistrés :

  • avant la Seconde Guerre mondiale, les vitesses de recul de l’Ero Vili étaient de l’ordre de 0,5 à 0,6 m/an en moyenne ;
  • après les extractions massives de galets effectuées entre 1940 et 1960, essentiellement comme matériaux à béton (notamment pour la construction du Mur de l’Atlantique), l’Ero Vili ne s’est jamais reconstitué vers le sud. Sur ses 5 derniers kilomètres, il a été écrêté et percé de brèches par les vagues et les eaux continentales accumulées dans les étangs rétro-littoraux. Pour la partie distale de l’actuel cordon, entre 1943 et 1992, le recul est estimé à 90 m, soit une vitesse de l’ordre de 2 m/an en moyenne, avec des périodes d’accélération marquée, comme entre 1966 et 1975, durant laquelle elle est estimée à plus de 4 m/an (Hallégouët et al, 1989).
  • Roland Chatain 003MiniPar la suite, entre 1990 et 2004, la vitesse d’évolution a très nettement diminué (inférieure à 1 m/an) dans le sud et le centre.

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