Cet interview résulte d'une rencontre avec les agents du littoral basés à la maison de la baie d'Audierne à Tréguennec, en juillet 2017. Près de 900 gardes et agents du littoral, employés par les collectivités locales et les associations gestionnaires, entretiennent, mettent en valeur les espaces naturels et accueillent les visiteurs. En baie d'Audierne, les agents du littoral basés à Tréguennec, sont employés par la Communauté de Communes du Pays Bigouden Sud (CCPBS).
Quels sont les investissements possibles sur le site du concasseur ?
Sur le site du concasseur, comme d'ailleurs sur les autres sites, avant d’investir éventuellement dans tout travaux de mise en valeur et de participer à un financement, un projet local doit être mis en place. Il faut donc un porteur de projet et un objectif. Sur le site du concasseur, on pourrait par exemple à minima, envisager un projet visant à la mise en place d’un panneau d'information multilingue.
Depuis cette année (2017), la Communauté de Communes du Pays Bigouden Sud (CCPBS) est engagée dans une réflexion sur son schéma touristique aux fins de mise en valeur des différents éléments structurants existants, comme le phare d'Eckmühl par exemple. Aujourd'hui, les élus se questionnent : Le concasseur doit-il être considéré comme un site d’intérêt touristique communautaire. Nous en sommes donc vraiment au stade d'une réflexion globale.
Qui décide de l’intérêt touristique d'un site ?
Ce sont les élus qui se positionnent sur le sujet, à l'exemple de la chapelle de Tronoën, déclarée d’intérêt communautaire en 2013. Cela peut être en rapport avec un site qui aujourd'hui, présente un intérêt immédiat, mais les élus peuvent également s'engager sur des sites en devenir. Le site du concasseur par exemple, a vu accourir un public nombreux à l’occasion de la création de la fresque de l’artiste Héol.
Jusqu’où peut-il aller un projet d'aménagement sur ce genre de site ?
Là encore, il s'agit d'une décision des élus qui, une fois le classement du site d’intérêt communautaire acté, vont faire travailler les intervenants et les bureaux d’études sur les différents scenarii possibles. Sur le site du concasseur par exemple, il serait envisageable à minima, d'y apposer un panneau d'information, mais il est possible également de pousser la réflexion plus loin par différents moyens : Utilisation de la "réalité augmentée" sur écran, reconstruction virtuelle des lieux, mise en place de "tableaux géants" à disposition des artistes, etc. Toutefois, il ne faut pas oublier que nous sommes sur un site classé, à proximité du cimetière préhistorique classé, situé au-dessus de l’ancienne carrière communale. Cela implique des contraintes fortes.
Les élus se sont peu engagés sur ce site, Qu'en est il réellement ?
Ce sont les priorités, axées principalement sur les espaces naturels, qui ont fait que le site du concasseur semble avoir été oublié, mais il n’en est rien : Il y a 25 ans maintenant qu’on commencé les premières acquisitions. Dans les années 90, il nous fallait prioritairement une "vitrine". Les investissements se sont donc portés sur la Maison de la baie d'Audierne. Dans les années 2000, avec la relance de la gestion des terrains, nous nous sommes concentrés sur une remise en état du site. Nous sommes partis de très loin : Je me souviens de l'état des dunes, de l'arrière-dune et de l'ensemble des éléments du patrimoine dont beaucoup étaient à l'abandon. D'autre part les usages sur le site avaient pris un virage très impactant qu’il a fallu traiter rapidement. Cet objectif a été atteint en 2005 ; Actuellement, tout en maintenant les efforts sur le terrain, nous avons redonné vie progressivement à toute une série d'outils comme les expositions et les ballades nature depuis 2013.
Qu’en est-il de l’usage et de la fréquentation du site du concasseur ?
Si dès le départ, lors de l’acquisition des terrains, nous avions eu un espace aménagé, sécurisé, nous aurions pu sereinement réfléchir à un programme de valorisation, mais cela n’a pas été le cas. Nous avons été accaparé et concentré tout de suite, même en terme de moyen financier, sur un projet de sécurisation du site.
En effet, il faut se souvenir que dans les années 2000, le site du concasseur a pâti d'un mauvais usages, et il nous a fallu d'abord y remédier. (raves party, piste de moto-cross au pied du mur..). Aujourd'hui, le site répond mieux aux objectifs et nous pouvons nous tourner vers sa valorisation.
Cependant, dans les années 2010, il y déjà eu un projet, mais à l'époque le relationnel n'était pas très bon avec la municipalité en place. L'état du bâti et la démolition des trémies avait été intégrés dans ce projet, ce qui avait créé un point de crispation de la part de la mairie. Aujourd'hui cependant, le sujet reste d'actualité : Le site vieilli et un diagnostic sur l'état de santé des trémies nous a été demandé.
Si un projet voit le jour, nous devrons être très vigilant sur le volet sécurité, sur l’accueil du public, les stationnements, les personnes à mobilité réduite (PMR) etc. Du fait que nous sommes en site classé et que la loi littorale, relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, s’applique également, il en résulte un cumul de cadres réglementaires stricts avec lesquels il faudra conjuguer.
La dune recule toujours ?
Le seul ouvrage ayant été construit en baie d'Audierne fut l'exutoire de Trunvel. Il a tenu très peu de temps. il est donc illusoire de vouloir mettre en place des protections visant à remplacer l'ero vili. Le recul de la dune, c'est adaptation du littoral face à la montée de la mer. La protection aujourd'hui, est effective par la présence même de la dune.
Dans les années 2000, les secteurs de Tronoën, Kermabec, la Torche, n'avaient pratiquement plus de dune. Les efforts engagés en baie d'Audierne se sont concentrés sur les secteurs à forts enjeux, avec des protections légères et/ou réversibles, qui ont permis de reconstituer ce rempart naturel. Le secteur de la dune près du concasseur est un des secteurs qui a été le mieux préservé. On estime qu'à partir du moment où une dune est reconstituée, elle n'a plus besoin, ou moins besoin d'outils de protection. C'est le cas au niveau du concasseur, car c'est un des secteurs ou la dune est parfaitement végétalisée et de fait, capable d'absorber les énergies.
Pour la période 2000-2010, nous avons un recul général du trait de côte plus ou moins rapide selon les tronçons, mais il y a un secteur qui progresse : c'est en amont du concasseur.
Le devenir des galeries ?
Les galeries resteront fermées au public, avec l’idée de garder ces couloirs en bon état afin de les utiliser comme site d’hivernation du grand rhinolophe. Ce dernier arrive à l’automne et trouve refuge à l’intérieur du mur dès la baisse des températures. Le fait de laisser ces galeries fermées au public permet à la trentaine d’individus actuellement recensés, de se réfugier dans un site propice à ce repos hivernal.
Une conclusion ?
Pour les espaces naturels, tels que celui où se situe le site du concasseur, la question est la suivante : Faut il valoriser le site, et dans l'affirmative, jusqu’où faut-il le valoriser pour ne pas dépasser la capacité de charge du site ?
Ensuite, en fonction de l’attrait touristique, de l’historique, du respect des milieux, des logiques et des usages, et à l’appui des cadres réglementaires, le projet le mieux adapter devra être à même de servir le site sans le dénaturer.
Interview réalisée le vendredi 28 juillet 2017 à la maison de la baie d'Audierne