Comme vous le savez, ces galeries sont interdites d'accès et le dispositif de fermeture mise en place sur les anciens créneaux de tirs n'autorise personne à pénétrer à l'interieur de ces couloirs. Cette interdiction n'est pas là par hasard : d'une part ces galeries ne sont pas sécurisées et d'autre part, elles abritent une colonies de chauve-souris des plus intéressantes : le grand rhinolophe, un charmant spécimen au pelage brun ou noirâtre avec des excroissances nasales en fer à cheval, pour qui ces galeries servent de site d'hivernage. Un comptage des habitants hivernaux à d'ailleurs lieu tous les ans.
Néammoins, vous pourrez vous y rendre directement sans quitter votre écran grâce à cette vidéo de 2 mns, prise en octobre 2017 à l'occasion de la visite sur place des élus de la Communauté de communes du Pays bigouden Sud. Gros avantage de cette visite : L'intérieur est éclairé...
Techniquement, c'est un ensemble de salles de veille et de galeries permettant de passer d'une casemate à l'autre de chaque côté du quai de déchargement : si l’on considère ce quai comme étant un axe central, le concasseur se trouve côté palud et de l'autre côté s'étendent le cordon de galets et la plage. L'entrée, ou plutôt les trois entrées se trouvent toutes côté concasseur, abritées des éventuels tirs venant du large. L'une de ces entrées est visible dans le mur casemate, bloquée par un bloc en béton relativement conséquent. Elle est d'autant plus visible qu'elle vient d'être définitivement murée en février 2019. En examinant atttentivement la surface du mur, vous trouverez l'entrée jumelle quelques dizaines de mètres plus à l'ouest, murée elle aussi. Enfin, la troisième entrée est celle de la casemate à double créneau de tir, à l'extrémité ouest, toujours côté concasseur. Il n'existe aucune entrée côté plage dans les deux casemates de surveillance.
Cet ensemble de galeries et de défenses ne courre pas sur toute la longueur du mur mais seulement la partie ouest, l'Est étant couvert par le garage à canon surmonté d'un tobrouk à mitrailleuse. Les deux entrées principales, qui se trouvent quasiment face aux concasseurs, débouchent toutes deux de part et d'autre des deux "salles principales ou chambrées", marquées en 2 sur le plan ci-dessous (nommées Wohnraum sur les plans IBA) à partir desquelles il est possible d'accéder, par de longs couloirs, à chacun des trois bunkers composant l'ensemble. Ces couloirs comportent deux niches de stockages de 2 m par 2 m, ainsi qu'une "cheminée" faisant office de vigie ou d'issue de secours verticale, comportant des échelons dont une grande partie a aujourd'hui disparu. Les deux casemates situés côté plages (n°1 et 3) sont symétriques et se font face, croisant leurs feux en direction du cordon de galets. Ils se composent chacun de trois pièces : la Lufter und munitionsraum (aération et salle des munitions), une partie intermédiaire nommée Bereitschaftsraum (en réalité la chambre pour la troupe) et enfin la zone de tir elle-même, la Kampfraum (chambre de tir). A noter qu'elles ne couvre qu'une infime partie de palud et que rien ne les protège sur leurs arrières, hormis le tobrouk du 672, le garage à canon, situé à l'autre extrémité du quai de déchargment. Ce qui laisse à penser que la majeure partie du secteur était miné.
Le plus gros modèle de casemate (n°4 sur le plan) est situé côté concasseur, à l'extrème ouest. Ce bunker est construit "en miroir" c'est-à-dire qu'en traçant un axe en partir de son entrée et en allant vers la mer, vous avez une symétrie quasi parfaite à droite et à gauche. Ce modèle dirige donc ses deux tirs dos à dos : le long vers le concasseur et à l'opposé, vers la palud. Un modèle siamois donc, est composé de deux fois deux pièces : une partie intermédiaire nommée Bereitschaftsraum et une zone armée elle-même, la Kampfraum (chambre de tir). A noter l'absence de l'espace "Lufter und munitionsraum" présent dans les autres bunkers du mur-casemate, la position de tir étant légèrement agrandie par rapport aux autres positions.
Ce quai de chargement soulève plusieurs remarques quant à sa mise en place et à sa construction : Cet ensemble n'a jamais été complètement terminé. En effet, aucune fermeture intérieure ou extérieure ni aucun blindage de fermeture n'était en place à la Libération. Les portes prévues ont bien été livrées, mais elles ne sont jamais arrivées plus loin que le dépôt de Pen Enez à Tréméoc, pour preuve un courrier des ingénieurs de l'époque faisant état du nombre impressionnant de portes blindées se trouvant en stock à l'embranchement de Pen-Enez. A noter également sur les photos ci-dessous, les réservations des emplacements des gonds faites dans le béton de l'ensemble. En comparaison, toutes les casemates situées sur la plage en étaient entièrement équipées à la Libération. D'autre part, lorsqu'on regarde le plan de l'ensemble, les couloirs reliant les différentes extrémités ne sont pas tous dans le même alignement et une partie de la construction se trouvent hors du mur-casemate tandis que l'autre y est simplement accolée. enfin, il est fort probable qu'aucune armes ni aucun soldats ne se soient jamais installé dans ces lieux, car qux dires des témoignages recueillis, aucune troupe permanente n'était stationnée au concasseur.
Et enfin ci-dessous un schéma 3D du garage à canon situé à l'extrémité du mur, près du parking. |